lundi 19 septembre 2011

Tirons vers le haut

C'est la rentrée. Ça n'aura échappé à personne. Et la rentrée, ça implique tout un tas de réunions d'information aux parents, comme ils disent. Ce soir, j'ai assisté à celle des 4èmes. Le blabla habituel, pour l'essentiel. Les profs que je n'aurais probablement pas aimé avoir (et que je n'aime toujours pas, je crois), les profs sympathiques, ceux qui font juste leur boulot, et ceux qui sortent de l'ordinaire.

Et grâce à un de ces dernier, ee soir j'ai également assisté à quelque chose que je trouve très intéressant, et que je me sens obligé de partager.

Cela s'est produit pendant l'intervention du prof de physique/chimie. Il explique un peu ce qu'il vont faire, et comment il procède. En particulier, pour les parties pratiques, il répartit les élèves par groupes de 4. Tout le monde acquiesce. Puis il explique que pour évaluer les travaux réalisés en groupe, il prend un travail au hasard dans chaque groupe et que tous les élèves du groupe seront notés sur ce dernier.

Pendant les quelques secondes que je prenais pour réfléchir à cette méthode peu courante, une ou deux mamans commençaient à s'agiter. Puis finissent par exprimer leur malaise : "mais c'est injuste !".

Le prof feint un air surpris. Les mamans enchaînent pour essayer d'expliquer leurs craintes que des éléments qui ont des difficultés (forcément minoritaires, à les écouter) ne viennent pénaliser les bons élèves (lourdement sous-entendu : leurs enfants). Il ne faudrait pas que les mauvais élèves ne "tirent vers le bas" les bons.

J'ai beaucoup aimé la réaction de l'enseignant, qui, de toute évidence, pratique cette manière de faire depuis des années.

Avec un grand sourire, il explique posément que non, les "mauvais" ne tiraient pas les bons vers le bas, mais qu'on assistait plutôt à l'inverse. De plus, cette sorte de solidarité imposée poussait finalement les enfants à coopérer, s'organiser et à faire pression sur les perturbateurs pour qu'ils jouent le jeu. Bien entendu, en cas de comportement extrême de certains, le prof intervient.

Il a fini, toujours avec un grand sourire, sur le fait que tout "allait bien se passer", en enterrant en quelques minutes le mythe de la traction vers le bas des meilleurs par les moins bons si on les mélange.

Je précise que je vis dans une ville que l'on qualifie de "favorisée", loin des Zone d'Éducation Prioritaires et autres Zones Sensibles. La réaction de ces parents, est, à mon sens, assez emblématique d'une certaine façon de penser que certains aimerait bien voir se généraliser.

Mais j'ai pu constater ce soir avec plaisir qu'il y a encore des profs qui apprennent à nos enfants que ce n'est pas forcément la seule voie, et qu'il est possible de travailler ensemble, de coopérer pour l'intérêt du groupe.